Comme c’est désormais de coutume, cette fin d’année 2023 a été l’occasion pour la Direction générale de la Sûreté nationale (DGSN) pour sortir son rapport de l’exercice où elle revient sur les principaux chantiers qu’elle a menés au cours des douze derniers mois. Le document comprend pas moins de sept parties, mais c’est l’une d’elles qui a le plus retenu l’attention de la rédaction de Couscous Tech, celle qui s’attarde sur l’espace de service digital.
En somme, on y découvre comment la police a de plus en plus recours à la technologie dans le travail qu’elle effectue pour protéger et servir les citoyens. Et le moins que l’on puisse dire est qu’on est rapidement impressionné par les avancées que sont en train de réaliser à ce niveau les hommes de Abdellatif Hammouchi, directeur général de la DGSN depuis mai 2015.
Ainsi, parmi les grandes nouveautés que l’on apprend, c’est le fait que la DGSN se mette à… l’intelligence artificielle. Certes, la Direction précise bien qu’elle ne fait que commencer à s’en servir, expliquant que ses services informatiques étaient en train de développer une série de logiciels qui sont censés permettre d’identifier les personnes et de déterminer l’identité des individus faisant l’objet d’avis de recherche. Mais elle semble bien confiante eu égard au fait que ce qu’elle qualifie de « technique utilisée à titre expérimental (…) a montré une grande capacité à surveiller et à neutraliser le danger que représentent des personnes qui constituent une menace sérieuse pour la sécurité des citoyens et de leurs biens » .
Dans le domaine de l’identification toujours, la DGSN est revenue sur le bilan de l’utilisation de son tout nouveau système technologique qui permet d’exploiter les réseaux de caméras de surveillance urbaine et les caméras mobiles de la Direction pour lire de façon automatique les plaques d’immatriculation des véhicules sur les axes routiers urbains. Mis en place au niveau d’Agadir et de Casablanca seulement, ce système aurait aidé à l’interception de 228 voitures et véhicules objets d’un rapport de vol, et 585 véhicules dont les propriétaires font l’objet d’avis de recherche au niveau national pour suspicion d’implication dans des actes criminels. On l’imagine, il devrait rapidement être généralisé aux autres préfectures du Royaume.
Mais c’est en fait au niveau de son travail interne que la DGSN oeuvre davantage à adopter la technologie. On le sait, elle procède, depuis l’automne 2019, à installer GESTARR, son système informatique de gestion des arrondissements de police. Le processus est désormais parachevé, mais la DGSN travaille déjà à le compléter par un autre système qui vise à la fois à gérer les affaires pénales et les délits traités par les arrondissements de police, et par ailleurs à préparer et à analyser les statistiques et les données. Ce dernier est déjà déployé dans 350 postes de police au sein des préfectures de Kénitra, Tanger, Meknès, Marrakech, Settat et de la Sûreté provinciale de Safi, en attendant que le reste du territoire suive dans les prochains mois.
Autre chantier de digitalisation en cours : le début de la généralisation du réseau des télécommunications unifiées de la police. Très sécurisé, celui-ci se compose de fibres optiques qui relient 57 villes et permet de sécuriser les télécommunications et de répondre aux besoins de gestion des services de sécurité en assurant le transfert rapide des données. Il couvre déjà 19 centres au niveau national.
On peut également citer, en outre, le système de localisation géographique des patrouilles de police, lui aussi appelé à être généralisé. Il se traduit, concrètement, par l’équipement des véhicules et motocycles de police de 800 GPS reliés automatiquement au système d’information de pilotage des interventions sécuritaires, « ce qui accroîtra la rapidité de réponse aux appels des citoyens » , espère la DGSN.
Last but not least, pas de digitalisation sans que les citoyens ne soient mis à contribution. La DGSN le rappelle bien, à travers son initiative « Tifli Moukhtafi ». S’appuyant notamment sur Facebook et directement relié aux arrondissements de police, ce logiciel a, selon le bilan donné, débouché sur la publication de 222 circulaires en 2023, de sorte à accélérer la recherche des enfants déclarés disparus.
Pour 2024, la DGSN a annoncé qu’elle souhaite poursuivre la digitalisation des services de la police judiciaire.