Alors qu’elle faisait des pieds et des mains depuis plusieurs semaines pour que le mouvement séparatiste du Front Polisario ait droit de cité au tout premier sommet Corée-Afrique prévu au printemps 2024 au lendemain des législatives coréennes du 10 avril, l’Algérie essuie finalement une volée de bois vert de la part de Séoul, qui a tout bonnement refusé de donner suite à la demande algérienne.
En effet, des sources diplomatiques marocaines autorisées ont indiqué avoir été contactées par leurs homologues coréennes pour leur assurer que le Polisario ne ferait pas acte de présence à l’événement, étant donné qu’il ne s’agit de convier que les 54 États qui bénéficient d’une reconnaissance de la part de l’Organisation des Nations unies (ONU). Ce qui n’est pas le cas de la pseudo « République arabe sahraouie démocratique » (RASD) autoproclamée par la mouvance polisarienne, mais bien celui du Maroc qui devrait donc dépêcher une délégation dans le pays est-asiatique, qui plus est considéré comme ami par la partie marocaine du fait de relations remontant à désormais plus de 60 ans (celles-ci ont été nouées à partir de juillet 1962).
On le sait aussi, la Corée voit le Maroc comme un potentiel hub d’investissement africain, elle qui tient à avoir des relations beaucoup plus affirmées avec le continent, comme l’illustre d’ailleurs la tenue même du sommet Corée-Afrique.
Aux côtés du Kenya et de la Tanzanie, le Royaume fait partie des trois pays africains que, le 25 août 2023, le ministère coréen du Commerce, de l’Industrie et de l’Énergie avait désignés pour ouvrir des négociations en vue de signer un accord de partenariat économique (APE), qui permettrait concrètement d’établir un réseau commercial mutuellement avantageux avec les pays partenaires au-delà d’une simple ouverture de marché.
Selon des chiffres communiqués le 2 octobre 2023 par le quotidien « L’Opinion » à partir de données fournies par l’ambassade de Corée, le volume des échanges commerciaux bilatéraux se monterait actuellement à 620 millions de dollars, représentant pour le Maroc 360 millions de dollars d’importations coréennes et 260 millions de dollars d’exportations marocaines. Le Maroc achèterait essentiellement à la Corée des voitures, en même temps que celle-ci acquérerait auprès de lui des produits chimiques et des phosphates comme principales marchandises.
Sur le plan des investissements, on sait que la Corée lorgne depuis belle lurette le marché de la future ligne à grande vitesse (LGV) Marrakech-Agadir, sachant qu’elle dispose désormais d’une expérience établie dans le domaine des chemins de fer, avec différents opérateurs nationaux reconnus à l’instar de Dohwa Engineering et Korea National Railway. L’opérateur Hyundai Rotem voudrait, par ailleurs, fournir les trains à grande vitesse (TGV) appelés à couvrir la ligne.
Le 15 janvier 2024, le président de l’Assemblée nationale coréenne, Kim Jin-pyo, est attendu à Rabat, et ce à l’invitation de son homologue, le président de la Chambre des représentants, Rachid Talbi Alami. Sont notamment justement prévus au menu des discussions autour des questions d’intérêt économique.
Rien donc de bien beau en perspective pour l’Algérie, dont on rappellera que le président de l’Assemblée nationale populaire, Brahim Boughali, avait personnellement insisté le 27 novembre 2023, lors d’une entrevue avec l’ambassadeur de Corée à Alger, You Ki-jun, pour que le Polisario puisse aussi se rendre au sommet Corée-Afrique. Mais sans qu’au bout du compte cela ne lui réussisse.