C’est un pas important que la recherche scientifique au Maroc vient de franchir avec l’octroi du statut de « centre collaborateur » de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) au Centre national pour la recherche scientifique et technique (CNRST), une première pour un centre africain.
À cette occasion, une cérémonie de célébration officielle a été organisée ce 26 décembre 2023 à Rabat, en présence du ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et de l’Innovation, Abdellatif Miraoui, et du secrétaire perpétuel de l’Académie Hassan-II des sciences et techniques, Omar Fassi-Fihri, entre autres personnalités.
Selon ce qu’explique la direction de la CNRST, ce nouveau statut de « centre collaborateur » de l’AIEA mettra à contribution le Centre, au cours de la période 2023-2027, dans le domaine de la biologie moléculaire – branche de la biologie qui étudie le fonctionnement de molécules comme l’ADN, l’ARN et les protéines dans les cellules – et de la génomique – l’étude des génomes, l’ensemble complet de l’ADN d’un organisme, y compris tous ses gènes -, le tout selon le concept « One Health » , qui est une approche reconnue notamment par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et qui considère que la santé humaine, la santé animale et la santé environnementale sont foncièrement intriquées. C’est-à-dire que la biologie moléculaire et la génomique seront à la fois appliquées, dans cet objectif, à l’Homme, à l’animal et à l’environnement.
Parmi les traductions possibles de l’usage de « One Health » , le CNRST envisage notamment de développer et de partager des méthodes rapides pour identifier et comprendre les maladies des animaux et celles qui sont transmissibles de l’animal à l’homme – les zoonoses – en utilisant des outils de biologie moléculaire. Ces méthodes incluent notamment ce que l’on appelle le séquençage de nouvelle génération (NGS), qui est une technique avancée pour étudier l’ADN et l’ARN et qui permet de détecter et d’analyser lesdites maladies de façon plus rapide et plus précise.
Mais il est aussi question, en outre, de protéger et de valoriser le patrimoine génétique national, c’est-à-dire, plus concrètement, de prendre des mesures pour préserver et mettre en valeur l’ensemble unique des caractéristiques génétiques propres à la population nationale, y compris celles des espèces animales et végétales.
Du reste, ce statut de « centre collaborateur », le Maroc ne sera pas le seul à en profiter. Il est aussi prévu que d’autres pays africains puissent en bénéficier, avec notamment un accès qui sera assuré, à compter de février 2024, aux laboratoires et aux platesformes technologiques du CNRST à des boursiers de l’AIEA qui viennent des quatre coins du continent. Ces boursiers pourront, ainsi, se mettre au jus des dernières techniques en matière de séquençage en vue d’identifier et de caractériser les agents pathogènes, responsables des maladies.
Quant à l’AIEA, son intérêt pour la santé ne date pas d’hier, puisqu’en plus de l’énergie elle promeut également l’application du nucléaire à différents domaines intéressant l’Homme. Cela fait plusieurs années qu’elle mène d’ailleurs, à ce propos, un programme en vue de prévenir, diagnostiquer et traiter des maladies telles que le cancer et les maladies cardiovasculaires par le biais des techniques nucléaires.
Dans la foulée de la Covid, qui est elle-même, à la base, une zoonose, l’AIEA avait lancé une action intégrée sur les maladies zoonotiques appelée ZODIAC, dont justement une des bases était le concept « One Health » .